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Roses, Clematis and Peonies
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L'énigme des roses en grappes...ou l'origine de la rose musquée?
(2002)  Includes photo(s).
 
La rose 'Nastarana' des horticulteurs.
On trouve souvent dans les livres sur les roses cultivées une rose classée dans le groupe des musquées ou des Noisette et nommée 'Nastarana', qui serait venue de Perse on ne sait trop comment. Dans le livre d'Ellen Willmott The Genus Rosa, on lui donne pour appellation synonyme R. pissarti...., appellation donnée à une rose cultivée analogue de l'herbier de Kew dont la planche est datée de 1891.
À la roseraie communale, je cultive depuis quelques années une rose acquise sous ces appellations synonymes chez Peter Beales Nurseries en Angleterre. Elle est identique à ce que les pépinières Paul distribuaient sous ce nom en Angleterre déjà à la fin du XIXe siècle (et que l'on trouve dans l'herbier Crépin).
Cette rose resssemble effectivement, bien qu'en beaucoup plus grêle, aux roses de la catégorie des Noisette, groupe d'hybrides entre la rose musquée et le rosier de Chine 'Old Blush' initié aux U.S.A. dans la première moitié du XIXe siècle. Sa floraison est remontante et débute plus tôt que celle de la rose musquée. Des détails précis sur son origine seraient peut-être à trouver dans la correspondance des pépinières Paul, mais l'explication suivante semble plausible:
la rose 'Nastarana'/pissarti des horticulteurs est probablement identique, ou issue d'un même semis qu'une plante née d'une des graines envoyées de Perse à la pépinière française Godefroy-Leboeuf à la fin du XIXe siècle. Carrière nomme cette plante Rosa godefroyae Carrière (la rose de Godefroy) et explique la confusion avec la Rosa pissarti qu'il a décrite quelques années auparavant par le fait que les graines ont été envoyées chez Godefroy-Leboeuf par Pissart, le même jardinier français du Shah de Perse qui lui avait envoyé (à lui, Carrière) des herbiers de la rose qu'il baptisa Rosa pissarti Carrière en son honneur. On ignore cependant sur quoi Pissart a récolté les graines envoyées chez Godefroy-Leboeuf.
(2002)  
 
[English translation]
The rose 'Nastarana' of the nurseries.
One often finds in books on cultivated roses a rose classed as a Musk or Noisette and named 'Nastarana', coming from Persia without saying much how. In the book "The Genus Rosa" by Ellen Willmott, it receives the synonym R. pissarti..., a name given to a similar cultivated rose in the herbal of Kew, dated 1891.
At the community rosary [of Chaumont-Gistoux], for several years I have cultivated a rose acquired under these synonymous names from Peter Beales Nurseries in England. It is identical to the one distributed by the nursery Paul under this name in England already at the end of the XIXth century (and which one finds in the Crépin herbal).
This rose effectively resembles, although much slimmer, roses of the Noisette class, a hybrid group between Musk roses and the China 'Old Blush' initialized in U.S.A. in the first half of the XIXth century. It is repeat flowering, starting earlier than that of The Musk rose. The precise details of its origin may be found in the correspondence of the Paul nursery, but the following explanation seems plausible: the rose 'Nastarana'/pissarti of the nurseries is probably identical, or issued from the same seedling of a plant born of seeds sent from Persia to the French nursery Godefroy-Leboeuf at the end of the XIXth century. Carrière named this plant Rosa godefroyae Carrière (the rose of Godefroy) and explained the confusion with Rosa pissarti which he had described several years earlier, by the fact that the seeds had been sent to Godefroy-Leboeuf by Pissart, the same French gardener of the Shah of Persia, who had sent him (Carrière), the herbal specimens of the rose which he had christened Rosa pissarti Carrière in his honour. He ignores [the question] from where Pissart had harvested the seeds sent to Godefroy-Leboeuf.
(2002)  Includes photo(s).
 
La rose de Freitag (Rosa freitagii Zielinski)
Dans Flora Iranica, Zielinski décrit et montre une rose sauvage inconnue jusqu'alors des botanistes et croissant dans la nature en Afghanistan. Il la nomme R. freitagii , en hommage au botaniste allemand Freitag. C'est un arbuste ramifié et non une plante grimpante et ...surprise, elle ressemble étonnament à la précédente [la rose de Zielinski].
J'écris donc à Zielinski pour lui donner mon avis au sujet de leur lien de parenté possible et lui faire part de mes recherches sur la rose musquée. Il me répond rapidement et positivement et me signale quels herbiers il a consultés afin que je puisse les étudier à mon tour. Notre Jardin botanique national emprunte ces herbiers à Vienne et je peux donc d'une part apprendre à connaître la rose de Freitag, espèce nouvelle pour la science (bien qu'ancienne dans la nature, évidemment) et d'autre part vérifier que les herbiers de la rose que Zielinski dit être la var. nastarana ne portent effectivement pas de fleurs en grappes.
À l'examen, la parenté de la rose de Zielinski semble même se préciser; il s'agirait d'un croisement entre la rose de Freitag et les formes afghanes de la rose de Brown, car elle combine des caractères de ces deux roses sauvages. Cela n'a rien d'invraisemblable vu que ces roses croissent dans la même région et que les différentes espèces de rosiers se croisent souvent spontanément. Plus tard, je trouverai même dans l'herbier Crépin un spécimen qui combine les caractères des mêmes parents présumés de manière différente, comme lorsqu'on a affaire à différents enfants issus d'un même couple.

...Chez la rose de Freitag, les stigmates sont agglomérés en une espèce de petite boule qui n'est que légèrement saillante au dessus de l'étage des anthères. Cet arrangement se retrouve chez la vraie var. nastarana, mais pas chez la rose de Zielinski.

...Possibilité d'un lien entre la rose de Zielinski et la rose de Freitag. Indices, la forme générale et de nombreux détails...
Possibilité d'un lien entre la vraie var. nastarana et la rose de Freitag. Indices, des détails peut-être importants comme l'arrangement des organes femelles, mais aussi la forme du bouton, etc..
Possibilité d'un lien entre la rose musquée et la rose de Freitag. Indices, les ports arbustifs, ramifiés et non grimpants des deux plantes.



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(2002)  
 
[English translation]
The Rosa moschata var. nastarana of the Swiss botanist Christ.
One of the surest means to confirmy the identity of a rose (or whatever other plant) is to refer back to the botanist who described it the first time and gave it its scientific name. I have thus consulted the description of a certain R. moschata var. nastarana Christ in a supplement written in 1888 by Christ (a rose specialist contemporary of Crépin) to the monumental Flora of the Orient ("Flora Orientalis") of Boissier. "Nastaran" is the Persian name of this rose on which is based his scientific name.
Surprise; the description does not at all correspond to that of 'Nastarana' in gardening books, and moreover not to any other rose description I have met up to now. Imagine blooms disposed alternately (or rather in a spiral, as the alternate effect is produced by the flattening of the herbal specimens) along the canes on the wood of the year ( which lets us presume a prolonged or repeating blooming), the whole forming a kind of very elongated truss! Nothing to see of the broad panicles or clusters of the true Musk rose or the 'Nastarana' in commerce. A photo of the true 'nastaran' collected in Persia and described by Christ (they are conserved in the Boissier herbal in Geneva) well show these astonishing trusses, and also the fact that the summit of the truss can become a leafy shoot which continues its growth.
Several years earlier [than Christ], the French botanist Crépin described the same trusses for his R. pissarti, which he dedicated to Pissart, the French gardener of the Shah of Persia, who had sent him herbal specimens. The phenomenon of the trusses is confirmed by the illustration of the article of Carrière re his Rosa pissarti, as well as by the herbal specimens colected repeatdely in Afghanistan (see floowing illustrations) and in Iran until the 1960s (see following illustrations).
It seems that Carrière had living plants of this type come from Persia to France in the 1880s, but what happened to them and whether they had an influence on our cultivated roses has been ignored. His herbals have also not been found up to now.
I remember to have seen in the gardens of Bagatelle, near Paris, such elongated inflorescences on rosas created by Louis Lens. And watching better, I ascertained that this tendency is not exceptional, especially at the end of the season on very higly repeating roses. A common point among all these roses: they are all reputed to have descended more or less far from the real Musk rose.
Which affinities exist between the Musk rose and this Rosa moschata var. nastarana of the botanists? They are maybe simply geographical. As the Musk rose, "nastaran" is only found in gardens. But that does not resolve the question of its wild parents!
(2002)  Includes photo(s).
 
La Rosa moschata var. nastarana du botaniste suisse Christ.
L'un des moyens les plus sûrs de confirmer l'identité d'une rose (ou de n'importe quelle autre plante) est de s'en référer au botaniste qui l'a décrite pour la première fois et lui a donné son appellation scientifique. J'ai donc consulté la description d'une certaine R. moschata var. nastarana Christ dans un supplément rédigé en 1888 par Christ (spécialiste des roses contemporain de Crépin) à la monumentale Flore d'Orient (Flora Orientalis) de Boissier. "Nastaran" est le nom persan de cette rose sur lequel est basé son appellation scientifique.
Surprise; la description ne correspondait pas du tout à celle de la 'Nastarana' des livres d'horticulture, pas plus d'ailleurs qu'à la description de toute autre rose que j'avais pu rencontrer jusqu'alors. Imaginez des fleurs disposées une par une alternées (ou plutôt en spirale dans la réalité, l'effet alterné étant produit par l'applatissement en herbiers) le long des tiges sur le bois de l'année (ce qui peut laisser sous-entendre une floraison prolongée ou remontante), l'ensemble formant une sorte de grappe très allongée! Rien à voir avec les panicules ou corymbes étalés de la vraie rose musquée et de la 'Nastarana' horticole. Une photographie de l'herbiers type de la vraie "nastaran" récoltés en Perse et décrits par Christ (ils sont conservés dans l'herbier Boissier, à Genève) montrent bien ces grappes étonnantes, et aussi le fait que le sommet de la grappe peut redevenir une tige feuillée qui continue sa croissance.
Quelques années auparavant, le botaniste français Carrière décrivait les mêmes grappes pour sa R. pissarti qu'il dédiait à Pissart, jardinier français du Shah de Perse qui lui en avait envoyé des herbiers. Le phénomène des grappes est confirmé par l'illustration de l'article de carrière à propos de sa Rosa pissarti, ainsi que par des herbiers récoltés à plusieurs reprises en Afghanistan (voir les.. illustrations suivantes ) et en Iran et ce jusqu'à dans les années 1960 (voir les...illustrations suivantes ).
Carrière a semble-t-il fait venir vivantes ce genre de plantes de Perse en France dans les années 1880, mais on ignore ce qu'elles sont devenues et si elles ont pu avoir une influence sur nos roses cultivées. Ses herbiers ont également été introuvables jusqu'à présent.
Je me suis alors rappelé avoir vu aux jardins de Bagatelle, près de Paris, des inflorescences très allongées sur des rosiers créés par Louis Lens. Et en observant mieux, j'ai constaté que cette tendance n'était pas exceptionnelle, en particulier en fin de saison sur des rosiers très remontants. Point commun entre tous ces rosiers: ils sont tous réputés descendre de plus ou moins loin de la vraie rose musquée.
Quelle affinités existent réellement entre la rose musquée et cette Rosa moschata var. nastarana des botanistes? Elles sont peut-être plus que simplement géographiques. Comme la rose musquée, la "nastaran" ne se rencontre que dans les jardins. Donc ça ne résout pas la question de ses parents sauvages!
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